• Un Pilote de ligne - Ray Bowyer

    Le 23 avril 2007, à 14h45, le capitaine Ray Bowyer, de la compagnie aérienne Aurigny Air Services décolle de Southampton pour l'île d'Aurigny, au nord de l'île de Guernsey.

    Après le décollage, il se dirige en ligne droite vers Aurigny, le pilote automatique enclenché. Le temps est plutôt couvert, sans précipitations, avec quelques trouées laissant passer la lumière du soleil. La température extérieure dépasse à peine 10°C.

    A l'approche de la Normandie le temps se dégage. A sa droite Bowyer peut voir le phare des Casquets. Derrière les nuages, le soleil est devant lui, à 50° d'élévation environ.

    1ère observation
    A 15h09, alors qu'il vole à 240 km/h à 30 miles de l'île et à plus de 1200 mètres d'altitude, Bowyer observe droit devant lui un phénomène non identifié à l'ouest de l'île : "C'était un objet jaune très pointu et fin, avec une zone sombre. Il était à 1200 mètres d'altitude et stationnaire. J'ai pensé qu'il était à 16 kms de distance environ, bien que je réalisais plus tard qu'il était approximativement à 64 kms de nous. D'abord, j'ai pensé qu'il était de la taille d'un 737. Un 737 est un peu plus petit qu'un jumbo jet. Mais il devait être bien plus gros étant donné son éloignement. Il pouvait bien mesurer 1600 mètres de large."

    En fait, Bowyer pense au début à un reflet du soleil venant de Guernsey, mais voyant que le phénomène persiste, il décide de l'observer aux jumelles (x10). C'est là qu'il peut distinguer plus de détails de forme et couleur. Le phénomène semble stationnaire.

    2nde observation
    A 15h16, alors qu'il poursuit son approche d'Aurigny, Bowyer faut une 2nde observation. Le phénomène est plus à l'ouest (à sa droite) et plus bas (460 mètres) : "C'était exactement le même mais il avait l'air plus petit parce qu'il était plus loin. Il était plus proche de Guernsey."

    Il ajoute : "Je ne peux pas l'expliquer. D'abord, j'ai pensé que ça aurait pu être le reflet d'une serre à Guernsey, mais ça aurait disparu rapidement. C'est resté clairement visible pendant 9 mn environ (...) Alors que je me rapprochait, il me devint clair que c'était tangible. J'hésitais à aller vers lui pour en avoir une meilleure vue mais décidais de ne pas le faire à cause de sa taille. Je devais penser à la sécurité des passagers avant tout."

    Les phénomènes, apparemment en descente, seront perdus de vue dans la brume. Bowyer ajoutera que l'expérience avait été plutôt effrayante : "Je ne dis certainement pas que c'est quelque chose d'un autre monde. Tout de ce que je dis c'est que je n'ai jamais rien vu de semblable auparavant durant toute mes années de vol."

    Bowyer, pilote d'avions commerciaux depuis 20 ans, signale l'observation à l'ATC de Jersey. Paul Kelly (31 ans), le contrôleur en service à ce moment-là, indique que le traffic en question est inconnu. A 15h14, Bowyer demande toujours par radio si d'autres pilotes voient le phénomène.

    Bowyer pense que peut-être parmis ses 9 passagers, l'un d'eux aura vu aussi le phénomène : effectivement, un couple assis à 4 rangs derrière lui, les Russel, seront interrogés le 28 juin.

    Le Trislander est un petit avion, il contient à environ 16 personnes au maximum. Il n'y a pas séparation entre les passagers et le pilote. C'est un peu comme s'asseoir dans une voiture, il n'y a pas d'allée comme dans un plus grand appareil.

    Kate Russel : "Nous étions assis à 4 rangées derrière Ray, le pilote. Il y avait un couple devant nous, et 1 homme sur son propre siège juste derrière le pilote. Pendant le vol, alors que nous étions en route vers l'aéroport, je lisais un livre. Je remarquais que Ray se retournait et parlait à l'homme derrière lui. Je n'avait jamais vu cela arriver avant, c'était très inhabituel. D'autres passagers commençèrent alors à y prêter attention. Cela continua pendant un moment, mais à ce moment en raison de la position de l'avion je ne pouvais pas voir ce qu'ils regardaient. Ray fit alors s'incliner le nez de l'avion vers le bas. Je pus alors voir quelque chose à travers le pare-brise. Cela ressemblait au soleil qui se réfléchissait sur une vitre. Ce que je voyais était une lumière brillante au-dessus de la mer en-dessous de nous. Ca aurait pu être la lumière du soleil se réfléchissant sur quelque chose. Il y avait 2 lumières. La 2nde était en gros là où je pensais que l'aéroport se trouvait (au-dessus d'Aurigny). Les lumières perdurèrent pendant quelques minutes. Puis l'avion remonta à nouveau et je les perdis de vue. Puis lorsque le nez baissa à nouveau je revis la lumière; d'abord j'ai pensé que c'était une lumière se réfléchissant depuis un bateau sur la mer. Mon mari a dit que c'était une couleur orange, mais il est daltonien ! Ce que j'ai vu n'était certainement pas une lumière orange. J'ai vu une lumière blanche brillante; c'était une lumière de la couleur de la lumière du soleil si vous voyez ce que je veux dire !? La 2nde fois j'ai vu qu'elle avait plus une teinte  jaunâtre. Donc je les ai vues en 2 occasions différentes. J'ai vu 2 lumières; une était plus grande - elle avait l'air plus proche que l'autre - et quand j'ai regardé la 2nde fois j'ai clairement pu voir un petit bateau de pêche sur la mer en-dessous (auraient-ils pu le voir aussi ?). Quand nous avons atterri Ray à demandé "Est-ce que quelqu'un à vu çà ?" et nous a demandé de laisser nos noms. Il ne nous a pas dit ce qu'il avait vu. J'ai laissé mon nom mais l'homme assis derrière lui n'a pas laissé le sien; il n'était pas de l'île et je ne l'ai pas reconnu; il ne voulais pas être impliqué et j'ai eu l'impression qu'il voulait que personne ne sache qu'il était là ! J'ai alors commencé à chercher des explications mais n'ai pu en trouver.  La 1ère fois que je l'ai vu, c'était absolument sous nous. Je regardais à travers le pare-brise de Ray. Ca semblait être sur l'eau, et le 2nd avait l'air d'être sur la terre (Aurigny). Celui qui semblait le plus proche semblait être à environ 16 à 24 kms de distance, mais c'est impossible d'être sûr. Cependant, il y a une chose sur laquelle je ne suis pas d'accord avec Ray. Il dit que ça devait être énorme, mais je n'ai pas pensé que c'était quelque chose d'aussi grand qu'il l'a vu. Mais c'est difficile d'estimer la taille. Le 1er avait l'air d'être à mi-chemin entre nous et Aurigny. Il avait la forme d'un gros cigare – tenu à bout de bras. Mais nous avons juste vu une lumière, il n'avait pas de contours solides. Ray est un homme rationnel mais ça l'a assez secoué. Je ne crois pas aux petits hommes verts et je ne pense pas que c'était un ovni. Je pense que c'était quelque chose d'assez extraordinaire, mais quelque chose à laquelle nous n'avons pas d'explication pour le moment. Je suspecte que c'était quelque chose de naturel mais d'inexplicable. Depuis l'observation nous avons eu 2 ou 3 appels des medias mais personne d'autre que nous n'a témoigné. Cependant il y a eu un article dans notre magazine local, le Journal d'Aurigny, il y a 1 semaine, d'une personne qui pense que les lumières étaient des faux soleils, provoqués par la réflexion des rayons du soleil à travers des cristaux de glace. Ray a écrit une lettre, qui a été publiée cette semaine, disant que ce n'était pas ce qu'il avait vu. Il a dit que le jour de l'observation la visibilité était bonne, avec une brume en-dessous des 600 mètres. A 2400 mètres il y avait une couche de stratus couvrant toute la Manche et bloquant le soleil. Il dit qu'il a vu les "faux soleils" avant, et que ces 2 objets avaient des positions relatives du même côté du soleil, ce qui n'est pas ce que vous verriez s'ils étaient causés par une parhélie."

    John Russel : "Nous étions assis derrière le pilote, à la 4ème rangée de sièges. A un moment ma femme a attiré mon attention sur quelque chose dehors, à travers le pare-brise. A cause de l'endroit où j'étais assis, j'ai du me pencher par-dessus elle pour voir le pourquoi de toute cette agitation. Je n'ai observé qu'un seul objet, mais Kate en a vu deux. C'était une lumière orange, en forme de losange. C'était un objet brillant. C'était bien plus brillant que le reflet que créerait le soleil. Cependant, le soleil était dans la bonne position pour que ses rayons se reflètent sur quelque chose. Un scientifique local ici pense que c'était un faux soleil. Il a écrit là-dessus dans le Journal d'Aurigny. Ray a envoyé une lettre pour contredire cette théorie, disant que l'appareil était à la mauvaise altitude. C'était un jour brûmeux et nous descendions de 1200 mètres. Le pilote a commencé à s'agiter et a appelé l'homme qui était assis derrière lui. Ce type était tout seul. Nous ne le connaissons pas, il n'est pas de l'île. Mais il a parlé au pilote pendant un moment avant que nous le voyions, et il a eu la chance de le regarder à travers les jumelles. J'ai eu l'impression que la lumière que j'ai vu se déplaçait, peut-être vers l'ouest. Sa taille ? Je pense qu'elle était bien plus petite que Ray ne l'a dit dans les medias. C'était significativement plus petit que n'importe quel navire marchand au-dessus desquels nous étions passés plus tôt lors du vol avant que nous commencions l'approche."

    Un autre pilote confirme
    Un pilote d'une autre compagnie, en route depuis l'île de Man pour Jersey, entend l'appel de Bowyer. Assis sur le siège de gauche, il regarde derrière lui et déclare distinguer à ses 8h, légèrement au nord-est d'Aurigny, et malgré une mauvaise visibilité due à la brume, un phénomène beige ou jaune.

    Kelly raconte : "Le pilote de Blue Islands était en route pour Jersey au même moment et après avoir dépassé Sark il décrivit un objet derrière lui à sa gauche (...) La description était très semblable à celle du capitaine Bowyer et ils le décrivirent comme étant exactement au même endroit. Mais ils le regardaient depuis des côtés opposés".

    Le pilote lui dit que l'objet était à 460 mètres sous son avion - L'avion de Blue Islands était à 1070 mètres à ce moment donc, encore une fois, les 2 pilotes l'avaient placé à la même altitude. Si l'objet avait été stationnaire, notre équipement ne l'aurait pas détecté parce que le radar l'aurait écarté.

    Le pilote est interrompu plusieurs fois par des opérations à effectuer sur le tableau de bord, mais parvient à totaliser 1mn d'observation environ, jusqu'à regarder à nouveau et ne plus rien distinguer.

    Bowyer remplira un rapport d'incident (AIRPROX). Le 2nd pilote témoignera par écrit.

    Alors que le vol de Bowyer est confirmé, on ne trouvera cependant pas trace du second vol dans le planning de la compagnie alors en vigueur.

    Contacté, le MoD indiquera que l'incident ayant eu lieu dans l'espace aérien français et n'ayant pas représenté de menace, son enquête s'arrêtait là.

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