• Le Major Dewey Fournet Jr.

    Après que le Génie militaire américain eût déclaré qu'un de ses savants avait reproduit une soucoupe volante en laboratoire, Fournet mène une enquête. Le savant concerné y gagne une certaine publicité, mais son prestige en subit une forte atteinte, ses confrères jugeant sévèrement son attitude.

    Fournet travaille presque 4 ans dans l'US Army durant la seconde guerre mondiale, dont les 3 dernières années dans le renseignement pour l'AAF. Lorsque cette dernière devient l'USAF indépendante après la guerre, la commission de réserve de Fournet est transférée de l'Army à l'USAF. En Avril 1951, il est rapellé au service actif et envoyé à l'Ecole de Commandement et Personnel Aérien, jusqu'en Août. Il est ensuite rapidement affecté dans les renseignements au Pentagone.

    Là-bas il remplace un lieutenant-colonel incapable en tant qu'officier de liaison du projet Blue Book entre l'ATIC de la base de l'USAF de Wright-Patterson et l'état-major de l'USAF, installé au Pentagone. Il est supposé y travailler à mi-temps, mais pendant des mois il y passe tout son temps. Il a accès aux rapports de l'USAF, dont l'estimation de la situation rédigée par les experts du projet Sign.

    Il devient particulièrement convaincu de la réalité et de l'étrangeté du phénomène :
    "En fait j'étais sceptique à propos des Ovnis lorsque je fut affecté au programme. A un moment au fil des quelques premiers mois de mon affectation - probablement vers le début de 1952 - je devins convaincu que le sujet méritait une attention sérieuse. Ce changement intervint suite à ma découverte des dossiers du projet et de l'étude du volume résolument croissant des rapports d'observation. Je ne devint pas un "croyant" dans le sens commun du terme ; je changeais simplement ma position de complet dédain du sujet à une conviction qu'une étude sérieuse était nécessaire."

    Pour Fournet, l'USAF doit apprendre autant que possible du Phénomène Ovni, ne serait-ce que pour être capable de distinguer une attaque soviétique potentielle du fond "statique" créé par le déluge de rapports d'Ovnis en 1952.

    Fournet montre à Albert Chop les films d'observations dans le Montana et Utah. Comme Chop, il les trouve très étranges. Après les examens en laboratoire et les interview des témoins du film de l'Utah, Fournet va participer à la classification du film dans les cas "inexpliqués".

    Fournet est présent lors du "UFO flap" de Juillet 1952 au-dessus de Washington, avec son collègue Albert Chop de Blue Book :
    "Mon implication dans les incidents de Washington occasionna des jours et des nuits survoltés, bien que ces observations ne représentèrent seulement qu'une petite partie d'une incroyable période survoltée de 8 ou 9 mois en 1952."

    L'avantage de ces observations nationales est cependant que Fournet n'a pour une fois pas eu à dépendre des récits de témoins visuels. Il était sur les lieux, observant les Ovnis sur le radar :
    "Mon attention à ce qui se passait, cependant, était loin d'être totale - appels longue distance à prendre, requêtes à faire au chasseur intercepteur, les journalistes dehors à satisfaire, etc.
    (...) En fait, je n'était même pas présent lorsqu'un pilote de chasseur signala qu'il était entouré par des Ovnis. (...) Cela arriva alors que j'étais au téléphone, parlant à Bob Ginna de 'Life' [magazine].
     (...) Al devint le récipiendaire privilégié d'informations considérables car j'avais convaincu mes supérieurs en 1952 que toute information non sensible sur les Ovnis devait être rendue disponible au public. Pour cette raison, j'essayai de garder Al informé de tous les développements qui je pensais provoqueraient des demandes de la presse et du public. Ce fut la seule période "ouverte" à ma connaissance dans l'entière existence du projet Ovni."

    Au bout d'un total de cinq ans et demi d'activité militaire, il quitte le projet et retourne dans le civil en Janvier 1953, où il travail comme ingénieur aéronautique pour la Ethyl Corporation à Baton Rouge (La).

    C'est justement en Janvier que la commission Robertson procède à ses premières consultations, et Fournet fait partie des personnes interrogées.

    Cependant, les résultats de cette commission sont plutôt négatifs :
    "Personnellement, je regrette le fait que le gouvernement ne soit plus associé à ce sujet, bien que je n'ai aucun remord quant à l'enterrement du projet de l'USAF, parce que le chemin pris après 1953 fut généralement très négatif. Le capitaine Ruppelt me confia qu'il put voir le négativisme développé à la suite du rapport de la Commission Scientifique de la CIA au début de 1953, et ce fut la principale raison de sa demande d'être réaffecté hors du projet.
    (...) Lorsque la Commission Scientifique de la CIA conlut en 1953 qu'il n'y avait pas de menace évidente, la philosophie de l'Air Force semble avoir subit une modification drastique avec des variations mineures jusqu'à ce que le projet soit démantelé par l'infâmant rapport Condon."

    En 1957, toujours civil, Fournet intègre le Comité des Gouverneurs du NICAP :
    "Il n'y a que peu d'organisations vraiment sérieuses. Trop sont tombées dans la marge, soit pour promouvoir des philosophies préconçues et/ou des "solutions", soit pour réaliser des gains pécuniaires. Alors, les quelques organisations se faisant entendre représentent une fragmentation de ressources et d'efforts redondants, dont la conséquence est que personne n'est capable de tirer parti de tout le talent disponible dans une approche coordonnée du problème."

    Lorsque l'on demande à Fournet, qui a travaillé au sein du projet Blue Book, si beaucoup d'information importante sur les Ovnis a été ou est toujours censurée par certaines agences gouvernementales, Fournet répond :
    "Autant que je sache, il n'y a jamais eu de censure en tant que telle, à l'exception de la suppression de noms de témoins et de toute données liées au radar ou aux procédures d'interception. D'un autre côté, il est vrai que le public fut fréquemment alimenté de statistiques et d'exemples de cas trompeurs qui étaient atypiques, dont le seul but était de faire apparaître le sujet comme entièrement stupide."

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