• Le Capitaine Robert Salas, US Air Force

    Il témoigne le 27 mars 2010, lors d'une conférence au National Press Club :

    "Bonjour, mon nom est Robert Salas. En 1967, j'étais lieutenant de vaisseau stationné à la base de l'US Air Force de Malmstrom, au Montana. J'étais officier lanceur de missiles.

    En mars, le 24 mars 1967, j'étais de service à ce que nous appelions "Oscar Flight". C'est une capsule souterraine dans un site renforcé, à environ de 20 mètres de profondeur. Nous avions des agents de sécurité en surface. La garde principale est appelée "contrôleur de sécurité de vol". Mon commandant à cette époque était le Lieutenant Fred Meiwald, à présent colonel, colonel retraité Fred Meiwald.

    Dans la soirée du 24 mars, j'ai reçu un appel de l'un de mes gardes de surface, le contrôleur de sécurité de vol, déclarant qu'ils avaient observé d'étranges lumières dans le ciel accomplir des manoeuvres bizarres et qu'il voulait le signaler.

    J'ai pensé que c'était un rapport un peu étrange, mais je l'ai pris au sérieux. Vous devez comprendre, nous protégions des armes nucléaires et nous... les rapports que nous faisions généralement étaient très professionnels. En tout cas, j'ai plutôt écarté l'appel.

    Il a rappelé environ cinq minutes plus tard. Cette fois, il criait au téléphone, disant qu'ils voyaient un objet, un objet rayonnant rouge planant juste au-dessus de notre grille avant. L'objet était d'environ 10 mètres de diamètre. Il ne pouvait pas bien en distinguer les détails, seulement qu'il "pulsait". Et tous les gardes étaient là avec lui. Il était très effrayé et voulait que je lui donne des instructions.

    Je pense que j'ai dit quelque chose comme, "Assure-toi que rien ne pénètre à l'intérieur de la clôture d'enceinte." Il a immédiatement raccroché le téléphone. Je suis allé réveiller mon commandant, Fred Meiwald, qui était en pause de repos. Je commençais à lui parler de l'appel téléphonique et, juste au moment où je lui racontais, nos missiles se sont mis à entrer dans ce qu'on appele un état "No-Go" ou non-lançable...

    Essentiellement, ils avaient été mis hors service tandis que cet objet stationnait toujours au-dessus de notre site, de notre base de contrôle de lancement. À ce moment-là, nous avons suivi nos procédures.

    De retour au poste de commandement, il a signalé l'incident. Nous avions aussi des voyants de sécurité allumés, ce qui signifiait des incursions de sécurité sur certaines des bases de lancement.

    Alors, j'ai rappelé le garde en haut et ordonné qu'une équipe de sécurité soit envoyée sur place. À ce moment-là, le garde m'a dit que l'objet était parti à grande vitesse. De nouveau : silence, aucun bruit. Les agents de sécurité sont allés à la base de lancement et ont signalé que eux voyaient de nouveau l'objet. Ils ont aussi perdu le contact radio. Le ... cet incident s'est terminé à ce moment-là.

    Nous avons réinitialisé les alarmes de sécurité, mais les missiles eux-mêmes étaient toujours hors service. Nous avons dû appeler la maintenance, demander à des équipes de maintenance de venir pour les remettre en état d'alerte. L'indication principale que nous avons obtenue de notre équipement était qu'il s'agissait d'un échec du système de guidage et de contrôle.

    Je tiens à souligner que le personnel de sécurité en haut n'avait aucune autorité de contrôle - ils n'avaient aucun équipement là-bas - aucune capacité d'effectuer un quelconque arrêt du système sur nos missiles.

    Tous les systèmes de commande étaient souterrains. Nous avons été relevés de nos fonctions le matin suivant et nous avons fait rapport au poste de commandement, je m'excuse, à la base, Malmstrom.

    Rapport fait à notre commandant d'escadron. Il était pâle comme un linge et ne savait comment expliquer l'événement. Je lui ai demandé spécifiquement si cela pouvait avoir été un exercice de l'Armée de l'air et il m'a assuré que ce n'était pas un exercice de l'Armée de l'air.

    Il y avait aussi un membre du Bureau d'Enquêtes Spéciales de l'Armée de l'air dans la pièce. Il nous a ordonné de ne jamais parler de ceci. J'ai même signé une déclaration de confidentialité à cet effet. C'était... et je n'en ai pas parlé jusqu'en 1994.

    J'ai pu mettre la main sur un petit paragraphe dans un livre appelé Above Top Secret [Au-dessus de Top Secret] par Timothy Good. Et à la page 301 de ce livre, il y a un bref paragraphe à propos de missiles ayant été désactivés alors que des OVNI se trouvaient au-dessus.

    À partir de là, avec l'aide de M. James Klotz, mon enquêteur, nous avons demandé à l'Armée de l'air de nous envoyer des documents concernant cette désactivation, sans mentionner le mot "Ovni".

    Nous sommes arrivés à faire déclasser par l'Armée de l'air ce que nous appellerons "l'Incident d'Echo Flight". Laissez-moi revenir un peu en arrière.

    Pendant notre rapport au poste de commandement, mon commandant, Fred Meiwald, s'est tourné vers moi et m'a dit que la même chose s'était produite sur un autre site. À l'époque j'ai pensé qu'il avait voulu dire ce soir-là, mais il ressort que la même chose avait eu lieu une semaine plus tôt sur un autre site, et il se référait probablement à l'Echo Flight.

    Quoi qu'il en soit, à ce moment-là, lorsque nous avons obtenu la déclassification de l'Incident d'Echo Flight, j'ai pu, ou estimé pouvoir, me faire connaître et commencer à en parler, parce que je pensais en être là.

    Ce n'est que plus tard que j'ai découvert que c'était à Oscar Flight, et je me suis rendu compte que non seulement notre vol avait été neutralisé - dix missiles - mais que l'Echo Flight aussi avait été désactivé, environ une semaine plus tôt, le 16 mars.

    Nous possédons une vaste documentation sur l'Incident d'Echo Flight, que nous avons obtenue de l'Armée de l'air grâce à la Loi de Liberté de l'information. Nous avons le témoignage de Walt Feagle qui était le commandant adjoint d'équipage de missile à Echo Flight.

    J'ai quelques lettres du commandant, Eric Carlson. Le colonel Meiwald m'a accordé une interview radio,je m'excuse, une interview téléphonique à ce sujet, en 1996; je l'ai sur bande et il m'a donné la permission de l'utiliser. Donc nous avons les enregistrements audio de certains de ces témoins. Nous avons des déclarations écrites. Nous avons la documentation de l'Armée de l'air.

    Tout cela à l'appui de ce que je viens de vous dire."

    "J'ai rédigé un rapport sur cet incident : c'était dans le journal que j'ai dû rendre. Quand nous nous sommes rendus à la base nous avons été appelé au rapport, immédiatement. Dans la pièce, avec le Commandant, il y avait un de mes amis de l'AFOSI (Air Force Office of Special Investigation - Bureau des enquêtes spéciales de l'Aviation). Il était là, dans le bureau, avec le Commandant. Il m'a demandé le journal, ainsi qu'un bref rapport oral, bien qu'il semblât évident qu'il en sut plus long que nous sur la question. Nous lui fîmes tout de même une rapide relation de l'événement. A la fin il nous demanda à tous les deux de signer un accord de non-révélation disant que c'était une information classée, que nous ne devions la révéler à personne : ni nos collègues, ni nos épouses ou notre famille, ni même en parler entre nous...

    Bob Kominski chapeautait la commission chargée d'étudier l'échec (accompagné de tous ces phénomènes) des essais du missile Atlas en 1964. Kominski m'a raconté dans une lettre qu'à un certain moment, son patron lui a rapporté que l'Air Force avait dit : "Arrêtez les enquêtes; n'allez pas plus loin et ne rédigez pas de rapport final". C'est très étrange, spécialement lorsque l'on pense que l'état-major du CINC-SAC avait déclaré qu'il était de la plus grande importance de découvrir ce qui s'était passé ici. Et pourtant les responsables de l'équipe d'investigation ont dû tout arrêter sans même rédiger de rapport final."

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