• Dissonance cognitive

    Voici un extrait intéressant de l'article de Wikipédia sur la Croyance (au sujet de la Dissonance cognitive) :

    "On constate un paradoxe entre "la règle nécessaire d'objectivation" du réel (nécessité épistémologique, méthodologie scientifique), c'est-à-dire de production des savoirs empiriquement vérifiables et la nécessité d'une foi pour y arriver. "De nombreux scientifiques ont effectivement admis que des principes comme celui de l'uniformité du cours de la nature et même déjà simplement celui de la connaissabilité et de la compréhensibilité de la réalité constituaient pour eux des présupposés fondamentaux qui sont de nature religieuse, plutôt que réellement scientifique." (Jacques Bouveresse). Mais ce paradoxe disparaît si l'on considère que l'utilisation d'un outil (la "règle") nécessite la certitude qu'il produira ce qui est attendu c'est-à-dire des savoirs universels et diachroniques. "Croire pour parvenir à savoir n'est pas la même chose que croire simplement parce qu'on en éprouve le besoin". Jacques Bouveresse écrit les lignes suivantes à propos de William James :

    " James peut sembler évidemment marquer un point important lorsqu'il souligne que les scientifiques ont aussi leurs articles de foi et qu'ils se comportent de façon arbitraire quand ils essaient de faire reconnaître les convictions de nature religieuse dont ils ont besoin pour la pratique de la science comme étant les seules qui soient légitimes : "La nécessité de la foi comme ingrédient dans notre attitude mentale est une chose sur laquelle insistent fortement les philosophes scientifiques de l'époque présente; mais par un caprice singulièrement arbitraire ils disent qu'elle n'est légitime que quand elle est utilisée dans l'intérêt d'une proposition particulière - à savoir la proposition selon laquelle le cours de la nature est uniforme. Que la nature suivra demain les mêmes lois qu'elle suit aujourd'hui, est, admettent-ils tous, une vérité qu'aucun homme ne peut connaître; mais dans l'intérêt de la connaissance aussi bien que de l'action nous devons la postuler ou l'assumer" "

    - Jacques Bouveresse

    Ainsi, on constate, qu'au niveau des individus et de la société, théories scientifiques et croyances se chevauchent parfois et que la science elle-même est objet de croyance.

    Au niveau d'un "simple quidam" ne maîtrisant pas le paradigme des sciences, les données scientiques sont difficilement vérifiables (le rayonnement cosmique, les éruptions solaires, la mécanique quantique, les atomes...). Elles doivent donc être d'emblée considérées comme vraies car validées par la communauté scientifique si cependant elles rentrent dans - ou n'entrent pas en conflit avec - le système de croyances individuel ou collectif.

    Au niveau d'une société, la validation des savoirs et donc l'autorisation d'adhérer à un concept (y accorder foi) est institutionnellement assurée par la science et par les groupes d'influence. Il existe cependant de nombreux dérapages dans la foi accordée aux avancées scientifiques. Les groupes d'influence peuvent détourner (de bonne foi ou à mauvais escient) des données pour créer des croyances afin de légitimer certaines pratiques.

    De ce point de vue, force est de constater que les scientifiques n'ont pas tous le même degré de certitude quant à leurs domaines de connaissance et de recherche, ni la même capacité à remettre en question leurs propres paradigmes. Même pour les scientifiques, parce que ce ne sont finalement que des êtres humains, force est de reconnaître que Scepticisme et Objectivité ne sont que des objectifs qui se situent à la limite de l'idéalisme.

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